Stress thermique chez les bovins
Les conseils du vétérinaire

Comme tous les ruminants, les bovins craignent la chaleur. Quand le thermomètre se met à grimper, ils dépensent beaucoup d'énergie pour réguler leur température. Conséquences : transpiration, perte d’appétit, halètement… et performances en chute libre.

L’ingéré peut ainsi baisser de 3 à 4 kg de matière sèche par jour et la production laitière décrocher de 1… à 5 kg par vache ! Sans compter les problèmes d’immunité, de reproduction, ou de chute du GMQ chez les jeunes bovins, jusqu’à – 150 g.

Deux repas par jours aux heures les plus fraîches

L’indicateur le plus précis pour évaluer une situation à risque est l’Indice de Température et d’Hygrométrie (THI). « Lorsque celui-ci dépasse 68, soit 22 à 25 degrés pour un taux d’humidité compris entre 20 et 50 %, l'animal commence à subir un stress thermique », rappelle Amélie Cornillet, vétérinaire et chef de produits Vitalac.

Pour l’aider à y faire face et éviter des conséquences sur les performances, maintenir un bon niveau d’ingestion est fondamental. Un des leviers consiste à distribuer une ration toujours fraîche et appétente, puis à s’assurer qu’elle ne chauffe pas. Parmi les bonnes pratiques à mettre en œuvre, il est ainsi recommandé d’affourager en deux fois, tôt le matin et tard le soir.

Objectif selon Amélie Cornillet : inciter les vaches à s'alimenter aux heures les moins chaudes. « La ration restera fraîche plus longtemps et les animaux seront plus enclins à se déplacer pour se rendre à l’auge », pointe-t-elle. « Si on ne peut distribuer la ration qu'une seule fois, mieux vaut privilégier le soir : ils se nourriront la nuit. »

De l’eau pour lier la ration et limiter le tri

Ajouter 4 à 6 litres d’eau par vache (pour une ration autour de 40 % de MS) dans la mélangeuse permet de réduire le tri. Lorsqu’il fait chaud, les ruminants ont en effet tendance à sélectionner les particules fines riches en énergie et à écarter les fibres. Un comportement susceptible d’accentuer les risques d’acidose ruminale, déjà élevés en condition de stress thermique. L’eau agit comme un liant, rendant la ration moins facilement triable. Ajouter une botte de foin ou de paille en libre-service est une fausse bonne idée, car seules les dominantes en profiteront. Il est surtout recommandé d’être particulièrement attentif à la finesse des brins, en limitant leur longueur à 3 cm.

Un conservateur pour bloquer l’échauffement à l’auge

Durant la journée, la ration finit fatalement par monter en température. Comment alors éviter le développement des levures qui la rendent moins appétente et font baisser sa valeur nutritionnelle ? Amélie Cornillet suggère d’ajouter 1,5 à 3 l de Fongisafe®, un conservateur liquide à base d’acide propionique, non corrosif, dans la mélangeuse, en même temps que l’eau.
« Fongisafe® maintient l’ingestion et constitue une source d’énergie non-acidogène intéressante. Cependant, il faut également veiller à l’absence d’échauffement sur le front d’attaque du silo : si l’ensilage est chaud quand il rentre dans la mélangeuse, il sera toujours chaud en sortie. »
Il est donc important d'inoculer les fourrages avec des conservateurs biologiques, et de prévoir des petits silos spécifiquement réservés aux périodes les plus chaudes. En cas d’échauffement excessif, Fongisafe® peut être pulvérisé sur le front d’attaque. Enfin, nettoyer soigneusement les refus évite tout risque de contamination d’un repas à l’autre.